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12 mars 2014 3 12 /03 /mars /2014 01:46

 

Mgr Jean 53

 

Saint Jan de Saint Denis

 

Considérons un autre aspect important. Lorsque le prêtre donne ou ordonne, plutôt, une thérapeutique spirituelle, il ne faut pas croire qu'elle corresponde inévitablement a notre péché. Selon la loi spirituelle, l'homme se guérit par des cures spirituelles sans rapport apparent avec le péché commis. L'étonnant est qu'il guérisse au nom du péché commis. Prenons un exemple : vous avez éprouvé un moment de haine ou d'impureté ; le médicament approprie sera le jeune, la prosternation, le silence, la prière de pénitence ou de louange.

 

N'oublions pas, pourtant, les paroles du prophète Isaïe qui ne diminuent en rien d'ailleurs la valeur des «épitimies» d'abstinence, de prosternation, de restriction : «ne savez-vous pas quel est le jeune que j’aime, paroles du seigneur Dieu ? Rompre les chaines du juste, délier les liens du joug» (is 58, 6). Aux pratiques de jeune, de prière, les actes de charité sont supérieurs. Saint Ambroise disait a un pénitent : «fais abstinence quarante jours, mais n'oublie pas que l'argent ainsi économisé en te privant doit être pour le pauvre qui n'a rien a manger». Voila déjà un aspect de la charité, une thérapeutique susceptible de nous guérir nous-même.

 

A la suite des Pères de l'Eglise, nous distinguerons a présent diverses formes de charité : la charité parce qu'on est «charitable», la charité parce que l'on aime son prochain ou parce que Dieu le veut, la charité enfin pour nous-mêmes, afin que notre âme devienne charitable ou soit guérie de ses péchés. L'acte de charité envers le prochain renferme non seulement de la grandeur mais de l'humilité.

 

«Pourquoi fais-tu la charité ? - pour que Dieu me guérisse de mes péchés». Oubliez cet aspect de la charité, et le mécanisme de l'âme humaine vous entrainera facilement dans la satisfaction de votre action. Eh oui ! Le danger du mouvement charitable est qu'il nous rende heureux. Nous pouvons, par l'intermédiaire de la charité, tomber dans une grande maladie : l'autosatisfaction, l’encensement de soi, une santé de contentement charitable. Par contre, «faire la charité» (je ne parle pas de celle qui est spontanée, aussi naturelle que la respiration) pour guérir son âme, change la situation ; ce n'est plus nous qui  faisons le bien, c'est celui qui a accepte notre acte qui devient notre guérisseur, notre médicament. Réalisez-vous ce renversement ? Je le redis : mon esprit, mon âme, mon corps ne sont pas ma propriété ; je soigne simplement ce que Dieu m'a confie et je le soigne par la charité. C'est pourquoi les Pères de l'Eglise ajoutent au jeune, a la prière de pénitence, les actes de charité : visite aux malades, dons d'argent, etc. La charité est pour eux une thérapeutique, mais ils suppriment la prétention d'être charitable.

 

Ne croyons pas non plus que de faire le bien autour de nous apportera nécessairement le bonheur. Nous faisons fréquemment des «bêtises», car la charité vraie est l'offrande d'une âme déjà sainte et très développée. Grégoire, le théologien de Novgorod, avait acquis le discernement de l'âme. Novgorod, république bourgeoise du moyen-âge, était divisée en deux parties, de part et d'autre du fleuve, réunies par un pont. L'argent était Dieu, le vol plus que l'assassinat était criminel, et le coupable devait périr noyé. Un jour, Saint Grégoire, passant sur le pont en compagnie de quelques moines, vit un homme condamné que la foule se préparait a précipiter dans le fleuve. Le saint dit : «confiez-moi cet homme», et il le prit dans son monastère. Quelques années plus tard la même scène se reproduisit. Saint Grégoire n’intervint pas, laissant la foule noyer l'homme. Ses moines s'étonnèrent : «Père, pourquoi ne l'as-tu pas sauvé ?» il répondit : «vous ne connaissez pas les âmes ; le premier était un criminel ; je l’ai pris dans le monastère pour le guérir, aujourd'hui il est notre économe ; quant au deuxième, il est non seulement innocent, mais tellement préparé a la mort que les anges l'attendent».

 

Nous n'agissons pas toujours de la manière juste ; c'est pourquoi je préfère regarder les œuvres de charité en vue de la guérison de l'âme plutôt que pour le bien du prochain. Que de gens désirent faire votre bonheur de telle façon que, par délicatesse ou faiblesse, vous acceptez cette aide qu'ils vous imposent ! Ainsi, notre époque aime particulièrement établir la charité sur le plan économique.  C'est bien, mais ne pensons pas apporter le bonheur au monde en élevant son niveau économique. Le bonheur est bien autrement complexe !

 

Un deuxième élément présente un problème délicat. Notre existence doit tenir compte de plusieurs aspects ou plusieurs plans. Notre regard doit percer, traverser notre idéal : est-ce la pureté (virginité de la Vierge), est-ce le mariage unique et pur (Adam et Eve, le Christ et l'Eglise), est-ce une vision spirituelle, morale, sociale, ou finalement le plus haut idéal : la divine Trinité, car la société tend vers la vie divine, vers l'unité dans l'amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit, des trois qui sont un ?

 

Contemplons, scrutons avant tout les formes idéales dans la confession, c'est-a-dire : comme il faut être, la vocation divine, les relations avec les autres, les rapports de l'esprit avec le corps ; attachons- nous aux proto-images, aux prototypes.

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Published by Monastère Orthodoxe de l'Annonciation - dans Homélies

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